Ventiseri

Le plan local d’urbanisme de la commune en phase diagnostic


Corse Matin du samedi 19 mars 2022 par Patrick Bonin


Le plan local d’urbanisme de la commune en phase diagnostic
L’établissement d’un plan local d’urbanisme n’est pas toujours aisé car le document passe par de nombreuses phases juridiques et administratives, en tenant compte des problématiques locales d’ordre géographique, structurel et économique. Sur la commune de Ventiseri aux composantes montagnardes et littorales, les lois nationales, qui année après année s’empilent, rendent l’exercice fastidieux, lequel requiert immanquablement son lot de pédagogie afin d’être compris de la population.

Autre particularité de la commune, la présence d’une base aérienne dont l’emprise au sol et les caractéristiques opérationnelles grèvent également les possibilités urbanistiques. Sur les 4 600 hectares de la commune, toutes les possibilités d’extension ou de densification urbaine de l’existant sont envisagées.

Le PLU nouvelle version - les précédents n’ayant jamais pu atteindre, pour diverses raisons, leur validation définitive - est en phase de diagnostic. Une première étape qui fait l’objet d’une étude exhaustive par les services du bureau d’études Urba Corse : « La commune a plusieurs fois tenté de produire son PLU. Des blocages ont empêché de terminer le processus. Ici comme ailleurs, la loi Littoral de 1986 a commencé à être réellement appliquée qu’en 2010, une loi prise évidemment en compte par le Padduc lors de sa création en 2015. La difficulté de respecter le principe de continuité de l’urbanisation est pour nous de déterminer sur le terrain ce qui est considéré agglomération, village, zones où sont présents services et équipements. De la même manière, sur cette commune aux multiples hameaux, au piémont dont l’habitat est diffus, il nous faut reconnaître d’un point de vue légal, les espaces déjà urbanisés pour y admettre au titre de la loi Elan, une possibilité de densification du bâti. L’administré peut parfois avoir la sensation que son terrain se trouve en zone bâtie, alors que la densification, au regard de la loi, n’est pas suffisante » explique Madame Odile Merelo, urbaniste-géographe

« Un véritable parcours du combattant »

La présence des infrastructures de l’armée, constitue une véritable locomotive économique. Le développement de commerces et de services est exponentiel. Les équipements publics sont importants et les potentialités sont multiples, à l’instar de la zone artisanale qui continue à se développer le long de la RT10. Le plan d’occupation des sols plus permissif approuvé en 1989 puis modifié en 1996 et 2011, est aujourd’hui caduc, la commune dans l’attente de son PLU étant assujétie aux dispositions du règlement national d’urbanisme. « Plusieurs PLU ont été arrêtés, et le dernier arrêté en 2013 a fait l’objet en 2014 d’une enquête publique houleuse faisant suite aux conclusions du commissaire enquêteur. Dans les secteurs de Vix et Mignataja, par rapport au plan d’occupation des sols, la réduction des zones constructibles a provoqué des remous » explique Serena Gatta, directrice générale des services. Après l’approbation du Padduc en 2015, la procédure PLU a été poursuivie avec la réalisation d’un diagnostic agricole. Le projet monté dans son intégralité n’a pourtant pas été poursuivi, ayant fait l’objet d’observations émises par la DDTM, notamment, sur sa compatibilité avec le Padduc et dans ses perspectives de développement démographique et urbain.

Établir le plan local d’urbanisme ressemble de plus en plus à un véritable parcours du combattant, les contraintes cumulatives étant nombreuses, comme le souligne le maire de la commune, François Tiberi : « Intégrer le plan sur les risques d’inondation, les espaces stratégiques agricoles, la loi Littoral, la loi Montagne, la loi Climat et Résilience et toutes les autres lois qui viennent se superposer au fil du temps, rend subtil l’établissement de ce document. De plus, le traitement différencié par le PLU de nos secteurs, Travo, Mignataja, Vix etc. crée des incompréhensions et des clivages importants. La notion de hameau a été supprimée en 2018, remplacée par »espace urbanisé« , mais comment le définir exactement et sur quels critères précis ? » s’interroge le maire. Le projet de PLU en cours qui se doit d’assumer la transition avec un plan d’occupation des sols jadis très généreux, devra définir la qualification des entités urbaines, villages, agglomérations, espaces urbanisés et recenser les potentialités de développement, tout en informant la population des différentes évolutions législatives en ce domaine si complexe de l’urbanisme.