C'est sous un ciel brûlant que la première édition de Festi Lingue s'est déroulée vendredi et samedi. Au cœur de l'ancienne usine de Travu, dont les pierres ont été rachetées précipitamment pour l'occasion, prennent forme la scène et les nombreux stands d'artisans.
Sur place, ce n'est pas l'insurrection des langues régionales, mais le défi de leur maintien dans les têtes et dans les paroles. Basques, Bretons, Occitans et surtout Corses ont donné le ton, à coups de polyphonies.
La nuit tombée, la chaleur persistante n'a pas freiné l'élan. Anne Etchegoyen, figure du chant basque, a animé les quelque 600 personnes rassemblées pour l'occasion. "On mène les mêmes batailles", confie-t-elle, émue par la ferveur du public.
Un peu plus tôt, ce sont les chants basques qui se sont mêlés aux chants corses. Une effervescence saluée par Evelyne Adam, organisatrice du festival : "C'est neuf mois de travail, de gestation, et aujourd'hui c'est un pur bonheur."
Mais dans cette ambiance généreuse, certains absents interrogent. Auguste Jeagger, chanteur bénévole corse sur scène quelques heures plus tôt, regrette un déficit d'engagement. "Je m'attendais à voir plus de jeunes. Des jeunes qui revendiquent leur ''corsitude'' mais qu'on n'a pas vus ici, ni sur scène, ni en coulisses."
Un appel à la mobilisation qui fait tout de même écho chez les quelques jeunes présents pour le festival : "En tant qu'habitant du village de Ventiseri, ça me semblait évident de descendre quand on voit un tel évènement sur la commune. D'autant plus que cela concerne le maintien de nos traditions", affirme Ugo Giunta.
Dans la foule, certaines silhouettes racontent à elles seules l'esprit du festival. Gérard Cachenaut, maillot de l'Olympique de Biarritz vissé sur les épaules, affiche fièrement ses origines basques. "Il y a toujours cette similitude entre Corses et Basques. On est têtus autant l'un que l'autre, mais on se respecte." Corse d'adoption, installé à Chisà depuis longtemps, il n'a rien oublié de son attachement au Pays basque. "Ça m'émeut, Anne va me filer la chair de poule dès les premières notes."
Sur scène justement, la chanteuse Anne Etchegoyen ne cache pas son émotion. "C'est rare, un festival qui célèbre les langues minorisées. On mène les mêmes batailles, et ici on se sent frères et sœurs de lutte."
Face à elle, les spectateurs corses, basques, bretons ou simplement curieux répondent en chœur. "Cette sensibilité commune, elle dépasse les frontières", souffle-t-elle. À peine descendue de scène, elle promet déjà de revenir.
En grand représentant local, Eppò avait la tâche de faire vivre la langue corse : "C'est notre langue maternelle, notre combat", clame François Spinelli, chanteur du groupe bastiais. "C'est toujours un peu timide au départ, mais ensuite ça se lâche. Et ce soir, le public était au rendez-vous."
Les voix de la diversité se répondent. Les polyphonies corses croisent les chants basques puis occitans avant de laisser le Breton Manau s'exprimer sur scène.
Dans les allées, les artisans parlent de leurs savoir-faire autant que de leur langue. "On vient ici pour entretenir une sociabilité entre militants culturels", explique Bernard Biancarelli, directeur des éditions Albiana, qui a fait le déplacement avec deux cents ouvrages en langue corse. "Depuis ce matin, quasiment tous nos clients s'expriment en corse. Ça prouve que l'esprit du festival est là."
L'épuisement est visible sur toutes les têtes de l'organisation. Il faut dire que l'évènement rythme leurs vies depuis neuf mois. "Chaque jour on y pense, on ne fait que ça", affirme Antoine Garand. Désormais, l'heure est au bilan. "Et je crois qu'on a prouvé qu'on savait faire", souffle ce dernier, co-organisateur. Car, pour ces novices, le défi était de taille : "Toute la journée, je me demandais si les gens allaient être au rendez-vous."
Heureusement, malgré la chaleur qui a dissuadé certains de venir plus tôt, l'affluence aux concerts et l'enthousiasme des participants laissent entrevoir un avenir au festival. "On sait sur quoi on peut s'améliorer. Il y a des dépenses à réduire, des marges de manœuvre. La deuxième édition sera plus simple à mettre en place, on a forcément appris", assure Evelyne Adam.
Déjà, les retours fusent. Certains rêvent d'élargir encore, de convier les Alsaciens, les Antillais, les Kanaks. D'autres espèrent un ancrage durable à Ventiseri, terre de résistance culturelle. Car, pour tous les acteurs de ce festival, "le Fium'Orbu a cet esprit village qui correspond parfaitement au maintien de la langue", avoue Bernard Biancarelli avant que Evelyne Adam conclue : "Ce coin a souffert d'un manque d'événements rassembleurs. Aujourd'hui, j'espère qu'il a trouvé le sien."
Sur place, ce n'est pas l'insurrection des langues régionales, mais le défi de leur maintien dans les têtes et dans les paroles. Basques, Bretons, Occitans et surtout Corses ont donné le ton, à coups de polyphonies.
La nuit tombée, la chaleur persistante n'a pas freiné l'élan. Anne Etchegoyen, figure du chant basque, a animé les quelque 600 personnes rassemblées pour l'occasion. "On mène les mêmes batailles", confie-t-elle, émue par la ferveur du public.
Un peu plus tôt, ce sont les chants basques qui se sont mêlés aux chants corses. Une effervescence saluée par Evelyne Adam, organisatrice du festival : "C'est neuf mois de travail, de gestation, et aujourd'hui c'est un pur bonheur."
Mais dans cette ambiance généreuse, certains absents interrogent. Auguste Jeagger, chanteur bénévole corse sur scène quelques heures plus tôt, regrette un déficit d'engagement. "Je m'attendais à voir plus de jeunes. Des jeunes qui revendiquent leur ''corsitude'' mais qu'on n'a pas vus ici, ni sur scène, ni en coulisses."
Un appel à la mobilisation qui fait tout de même écho chez les quelques jeunes présents pour le festival : "En tant qu'habitant du village de Ventiseri, ça me semblait évident de descendre quand on voit un tel évènement sur la commune. D'autant plus que cela concerne le maintien de nos traditions", affirme Ugo Giunta.
Dans la foule, certaines silhouettes racontent à elles seules l'esprit du festival. Gérard Cachenaut, maillot de l'Olympique de Biarritz vissé sur les épaules, affiche fièrement ses origines basques. "Il y a toujours cette similitude entre Corses et Basques. On est têtus autant l'un que l'autre, mais on se respecte." Corse d'adoption, installé à Chisà depuis longtemps, il n'a rien oublié de son attachement au Pays basque. "Ça m'émeut, Anne va me filer la chair de poule dès les premières notes."
Sur scène justement, la chanteuse Anne Etchegoyen ne cache pas son émotion. "C'est rare, un festival qui célèbre les langues minorisées. On mène les mêmes batailles, et ici on se sent frères et sœurs de lutte."
Face à elle, les spectateurs corses, basques, bretons ou simplement curieux répondent en chœur. "Cette sensibilité commune, elle dépasse les frontières", souffle-t-elle. À peine descendue de scène, elle promet déjà de revenir.
En grand représentant local, Eppò avait la tâche de faire vivre la langue corse : "C'est notre langue maternelle, notre combat", clame François Spinelli, chanteur du groupe bastiais. "C'est toujours un peu timide au départ, mais ensuite ça se lâche. Et ce soir, le public était au rendez-vous."
Les voix de la diversité se répondent. Les polyphonies corses croisent les chants basques puis occitans avant de laisser le Breton Manau s'exprimer sur scène.
Dans les allées, les artisans parlent de leurs savoir-faire autant que de leur langue. "On vient ici pour entretenir une sociabilité entre militants culturels", explique Bernard Biancarelli, directeur des éditions Albiana, qui a fait le déplacement avec deux cents ouvrages en langue corse. "Depuis ce matin, quasiment tous nos clients s'expriment en corse. Ça prouve que l'esprit du festival est là."
L'épuisement est visible sur toutes les têtes de l'organisation. Il faut dire que l'évènement rythme leurs vies depuis neuf mois. "Chaque jour on y pense, on ne fait que ça", affirme Antoine Garand. Désormais, l'heure est au bilan. "Et je crois qu'on a prouvé qu'on savait faire", souffle ce dernier, co-organisateur. Car, pour ces novices, le défi était de taille : "Toute la journée, je me demandais si les gens allaient être au rendez-vous."
Heureusement, malgré la chaleur qui a dissuadé certains de venir plus tôt, l'affluence aux concerts et l'enthousiasme des participants laissent entrevoir un avenir au festival. "On sait sur quoi on peut s'améliorer. Il y a des dépenses à réduire, des marges de manœuvre. La deuxième édition sera plus simple à mettre en place, on a forcément appris", assure Evelyne Adam.
Déjà, les retours fusent. Certains rêvent d'élargir encore, de convier les Alsaciens, les Antillais, les Kanaks. D'autres espèrent un ancrage durable à Ventiseri, terre de résistance culturelle. Car, pour tous les acteurs de ce festival, "le Fium'Orbu a cet esprit village qui correspond parfaitement au maintien de la langue", avoue Bernard Biancarelli avant que Evelyne Adam conclue : "Ce coin a souffert d'un manque d'événements rassembleurs. Aujourd'hui, j'espère qu'il a trouvé le sien."