Ventiseri

Nicolas Jinvresse, un espoir pour les paralympiques de Tokyo


Corse-Matin du samedi 15 juillet 2017 par Jean Dealma


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Le judo est un des rares sports que les malvoyants peuvent pratiquer grâce à une extrême concentration qui leur permet même de rivaliser avec avec les judokas voyants. A Travu, le club de judo compte parmi ses sociétaires et enseignants, Nicolas Jinvresse, un jeune malvoyants de 33 ans. Ce dernier a remporté sa première médaille d'or, en début d'année, lors du tournoi handisport d'Allemagne dans la catégorie des + 100 kg. Une performance qui lui a ouvert les portes de la sélection nationale et lui permet de rêver à une sélection pour les jeux paralympiques de Tokyo de 2020. Nicolas, dont les parents enseignent le judo, fréquente rapidement les tatamis et devient ceinture noire  1er dan en 2001. En 2006 il réussit brillamment l'examen qui lui permet à son tour d'enseigner le judo et après avoir obtenu en 2010 sa 2éme dan il devient arbitre régional au niveau de la ligue Corse de Judo. S'il participe désormais aux compétitions paralympiques comme malvoyant c'est en raison d'une maladie qui a d'abord touché son œil gauche et par la suite son œil droit . « Il y a 5 ans on m'a diagnostiqué un kératocône, une maladie dégénérative de l'oeil qui se traduit par une perte de la sphéricité de la cornée qui prend alors la forme d'un cône et qu'on ne peut pas corriger avec des lunettes ou des lentilles car la forme de la cornée est irrégulière» explique Nicolas. Pour endiguer cette maladie et éviter une transplantation de la cornée il se rend au centre de référence européen du Kératocone à Bordeaux. Là, il subit trois opérations dont deux qui consistent à l'insertion d'anneaux intra-cornéens qui, exercent une pression contre la courbure de la cornée et la ramène à une forme plus naturelle. « Point fort de cette intervention, la maladie évolue très faiblement et on peut corriger la vision avec des lunettes. Point faible, la photophobie extrême que cela entraîne a cause de la minceur de la fausse cornée, en fait, je suis ébloui même sous la pluie donc je dois porter des lunettes de soleil en quasi permanence» souligne Nicolas. Malheureusement le sort s'acharne sur le jeune judoka lors de son parcours militaire sur la base aérienne de Ventiseri-Solenzara. «Il y a deux ans, alors que j'étais affecté en qualité de militaire technicien de l'air (MTA) au transit aérien de la base, un collègue qui effectuait le plein de carburant d'un aéronef a oublié de retirer le bouchon du pistolet et j'ai pris une trentaine de litres de liquide dans les yeux et la bouche». Cet accident a été générateur d'une dégradation de sa vision car explique t- il «Ce carburant spécifique à l'aviation et contenant de l'antigel a anéanti le travail réalisé sur ses yeux et aggravé la maladie. Ce fut et c’est toujours très douloureux. J'ai un suivi médical très pointu et lourd, auquel je ne peux pas déroger. Désormais non voyant de l’œil droit, je suis reconnu comme handicapé mais l'armée m’a réformé ''sans autre forme de procès''» précise Nicolas avec une certaine rancœur. Une injustice qui a fragilisé moralement ce jeune athlète qui a perdu un travail qu'il aimait et qui a du mal a retrouver une vie professionnelle stable. En pratiquant cette discipline sportive, qui est vraiment une école de la vie, Nicolas a appris à mieux se connaître et sa médaille d'Or lui a redonné de l'espoir. «Je suis fier d'avoir pu être sur la première marche du podium et quand ma première «Marseillaise» a retenti j'étais le plus heureux. J'ai hâte maintenant de poursuivre dans cette discipline sportive en abordant d’autres compétitions et me révéler, notamment pour les Championnats d’Europe qui auront lieu en Août prochain en Angleterre». Ce compétiteur tient à remercier Rémy et Marciana, ses parents, son frère Pascal et les judokas du Club de Ventiseri pour leur soutien. «Je remercie aussi Stéphane Figlie, Président de la ligue et Yves Camuzet responsable du pôle espoir Ajaccio pour leur soutien indéfectible. Le staff de l'équipe de France pour m'avoir donné ma chance, Cyril Pagès, entraîneur et sélectionneur, Olivier Busnel, responsable du parajudo au niveau Fédération et Anne Germain la kiné et doc qui s'occupe efficacement de nous malgré les difficultés propres à chaque athlète car chacun à son histoire, son handicap ». Cet athlète pugnace et doté d'une grande sagesse poursuit sa belle aventure sportive et devrait atteindre la sélection finale pour les prochains jeux paralympiques de Tokyo où il serait heureux de représenter son club, sa commune et la Corse

Qu'est-ce que le Kératocône?

Le kératocône est une dystrophie cornéenne idiopathique caractérisée par une ectasie et un amincissement progressif non-inflammatoire de la cornée.Autrement dit, le kératocône est une maladie de la cornée qui va lentement passer d’une forme grossièrement sphérique à une forme très irrégulière et amincie d’allure conique (ectasie vers l’avant). Il s’ensuit une dégradation de la vision. est précisé qu’il s’agit d’une dystrophie car elle touche les deux yeux et survient de façon très progressive avec, semble-il, un support génétique latent.C’est une maladie idiopathique, c’est-à-dire sans cause reconnue actuellement. L’hypothèse principale repose sur la possibilité d’une dégradation excessive et anormale du collagène (molécule majoritaire de la cornée constituant la trame du tissu cornéen).L’atteinte est non-inflammatoire, c’est-à-dire sans rougeur ni douleur de l’œil.
Connu depuis près de trois siècles, le kératocône reste un challenge car il n’a toujours pas livré clairement le secret de sa physiopathologie